bouclés

Mon poème est là, tapi tout près, tout en retenue,

un silence impeccable, prêt à répondre, répondant, alors

ému, indigné, explorateur, tenant les rennes d’une calèche qu’il lance à l’assaut dans cette

bataille que livrent mon désir et

ces obstacles qui se dressent devant lui.

Mon poème est une île qui s’offre à ma troupe, moi : chef, tendu,

contemplant ces falaises jaunes, cette forêt explosée sur les moraines du volcan, se livre à moi,

me livre une grande fille noire longue objet de tous mes silences et qu’il comprend.

Lorsque la mer sournoise aspire le sable instable autour de mes pieds dansant, occupé que je suis à calligraphier d’une ombre crue sur le territoire encore humide où la vague se retire,

enfant aux cheveux blonds bouclés,

gravant d’un orteil sûr les mots grossiers tout juste recueillis de la cour de récréation, encore

gros de sens supposés,

mon poème est ordurier.

Lorsque la pipe brûlante revient encore, encore, avec sa boule noire tournoyant dans le fourneau,

clairvoyant je suis mon poème :

il se tient droit face à moi,

ivre

et me fait rire.