envolé

1 – Mon poème est timide. Il se tapit dans l’ombre.
2 – Mon poème est un solitaire. Il vit au fond d’un tiroir où je l’effleure à peine pour ne pas le froisser. Ses ailes sont poudreuses et son corps de bois mort ne peut pas s’envoler.
3– Mon poème est un écran translucide. Je vois à travers lui des ombres noires et bleues de l’encre qui se dilue, à peine formés les signes et sitôt disparus.
4 – Mon poème est un murmure au creux de l’oreille.
5 – Mon poème s’est enfui, devenu clandestin. Il se cache au gré des courants, sans visage et sans nom. S’enroule autour des pierres qu’on lui jette en chemin, félin blessé il retourne se cacher.
6 – Mon poème ne dort jamais, il se bat toute la nuit dans les ruelles sombres. Avant que je m’éveille, il revient au matin s’allonger près de moi pour apaiser mes rêves et pour veiller sur moi.
7 – J’aimerais que mon poème soit rouge comme la vie. Une lumière qui s’étire là où finit la nuit.